OMS et Art-thérapie : Pourquoi creer fait du bien
- Agnès Chambion
- 11 juin 2024
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 2 avr.
De l’intérêt esthétique aux vertus thérapeutiques :
Historiquement, les bienfaits de l’art sur le mental sont rapportés depuis fort longtemps. Dans l’Ancien
Testament déjà, il est question du jeune David envoyé jouer de la harpe au roi Saül pour chasser ses idées
noires. Aristote, quant à lui, note les effets bénéfiques des tragédies grecques sur le public. Elles
provoqueraient une amplification et une libération émotionnelles salutaires qu’il appelle catharsis
(purification des passions). À la fin du 19e siècle, la psychiatrie va commencer à s’intéresser aux productions
artistiques des patients hospitalisés. En 1905, Auguste Marie organise à Paris la première exposition
d’oeuvres asilaires. Il crée le « petit musée de la folie » à l’hôpital de Villejuif. D’autres médecins suivront, à
l’image de Charles Ladame à Genève et Hans Prinzhorn à Heidelberg. Par la suite, l’hôpital Sainte-Anne à
Paris va se doter d’une collection de plus en plus importante d’oeuvres artistiques réalisées par des malades.
Avec son label « Musée de France » reçu en 2016, elle sert encore aujourd’hui de référence dans le
domaine. L’intérêt des psychiatres se concentre dans un premier temps sur le contenu des oeuvres. Ils les
analysent dans une visée interprétative pour affiner leur diagnostic et évaluer les troubles. Mais très vite, ils
s’aperçoivent aussi des effets apaisants de la pratique artistique sur les troubles des patients. C’est la
naissance de l’art-thérapie. Les premiers ateliers se mettent en place en Angleterre et aux États-Unis dans
les années 1945-1950. Petit à petit, les pratiques s’ouvrent à d’autres activités : musique, théâtre, danse,
écriture… Au-delà du simple mieux-être que peuvent procurer ces arts, les thérapeutes s’intéressent plus
spécifiquement au cadre qui permettrait d’amplifier ces effets. »
En 2019, l’OMS a publié une synthèse de plus de 900 études montrant les effets bénéfiques de l’artthérapie sur la santé [4] Ces études s’appuient sur des indicateurs multiples : estime de soi, anxiété, plaisir à créer, humeur, souplesse psychique, douleur ressentie, mémoire, motricité, concentration ou bien des marqueurs neurologiques (neuro-imagerie fonctionnelle, taux hormonaux…). Des chercheurs d’une unité de soins palliatifs lyonnaise [5] ont par exemple montré que des séances d’art-thérapie permettaient
d’améliorer la disponibilité relationnelle et de diminuer la sensation de douleur chez des patients en phase
terminale de cancer. Une étude américaine [6] postule que l’utilisation des arts plastiques permettrait de
réduire le niveau de cortisol (hormone de stress) chez des adultes en bonne santé. Mais en France, nous
sommes en retard. « Sur les 900 études citées par l’OMS, seule une quinzaine provient de la France »,
regrette F. Chardon.
Art-thérapie : pourquoi créer fait du bien
Marc Olano, journaliste scientifique
Sciences Humaines N° 339 - Août - septembre 2021

[4] Daisy Fancourt et Saiorse Finn, « What is the evidence on the role of the arts in improving health and
well-being ? A scoping review », Health Evidence Network Synthesis Report, n° 67, 2019.
[5] Cédric Lefèvre et al., « Art therapy and social function in palliative care patients. A mixed-method pilot
study », Supportive & Palliative Care, février 2020.
[6] Girija Kaimal et al., « Reduction of cortisol levels and participants’ responses following art making »,
Art therapy, vol. XXXIII, n° 2, avril 2016.







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